NOTES

 

Cet Yvan est Yvan (ou Ivan) IV, dit le Terrible, le premier duc de Moscovie qui ait porté le titre de tsar de Russie. Curieusement, il est ignoré de Moreri, Bayle, de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert et le Dictionnaire de Chaudon et Delandine, à l'article BASILOWITZ (Iwan), ne le connaît que pour avoir « affranchi la nation de la domination des Tartares et jeté les fondemens du puissant empire de Russie », construit des église, fixé le cours des monnaies, réglé le commerce, accordé aux étrangers le libre exercice de leur religion et fondé des gymnases pour faire instruire la jeunesse russe; « bref, il n'épargna rien pour rendre les peuples heureux ».

Le Dictionnaire de la conversation (1837), comme, plus tard, l'Encyclopédie moderne de Rénier et le Grand Dictionnaire universel de P. Larousse, n'ignore pas ces mérites mais les réfère à la première moitié du règne. La seconde explique son surnom: « Il serait trop long de donner ici le détail de toutes les cruautés d'Iwan. Cependant, comme rien ne saurait leur être comparé dans tout le cours de l'histoire ancienne, nous retracerons sommairement quelques-une de ces épouvantables scènes. »

Entre temps les Cosaques avaient campé à Paris et l'Histoire de l'empire russe par Karamsin avait été publiée et traduite (Saint-Thomas et Jauffret trad., Paris, Belin, 1819-1826). Moins servile, du moins sur ce point, que ne le dit Hugo, c'est elle qui produit ce spectaculaire renversement de l'historiographie.

Quoique le livre ne se trouve pas (ou plus?) à Hauteville House, il est probable que Hugo a lui-même extrait de Karamsin sa brève liste d'atrocités: s'y trouvent le fils contraint de tuer son père (les Basmanof) et le cordeau à scier les hommes, également les tisons que le tsar rapproche, du bout de son bâton, du supplicié Vorotinsky (et non Bariatinsky). Ces deux derniers détails ne figurent pas dans la collection des « épouvantables scènes » du Dictionnaire de la conversation.